Le mal de vivre
On peut rarement parler de ces expériences ouvertement.
Ces instants où nous pressentons que quelque chose de plus grand est à notre portée. Ces circonstances où l’on se sent accompagné, guidé. Ces éveils subtils et profonds où l’on sait avec une intense certitude que l’on vient de l’Amour, de la Source.
Les bruits de la ville et la course du quotidien étouffent cette musique sacrée en nous. Puisque nous sommes tous tellement tournés vers l’extérieur, il devient de plus en plus difficile de percevoir que rien ne manque à notre réel bonheur. Que tout est là, que le Tout est là.
Que serait l’existence sans cet oubli de qui nous sommes et de pourquoi nous sommes ? Je ne pensais jamais écrire cela un jour, moi qui ai tant reproché à Dieu l’absurdité de ce monde, le non-sens de cette souffrance ainsi que de tout ce manque que nous expérimentons.
Te dire à quel point ai-je été révoltée qu’il m’ait éjectée sur la Terre ! J’étais en réaction de le sentir soudain absent, parce que je m’imagine être toujours collée à lui comme un velcro. J’aime bien me faire ces représentations allégoriques pour tenter de traduire l’état de mon âme. Comment l’Amour a-t-il bien pu me décoller de lui, tirer d’un coup sec le ruban et me parachuter ici-bas ?
Entrer dans ce monde m’a brûlée à vif. Enfant, je mendiais l’Amour, j’attendais son retour. Je le cherchais partout, même quand je ne savais pas que c’était ce que je cherchais. Je l’ai vu à travers mes parents, ma famille, mes amis, sans le reconnaître pleinement.
L’Amour est si gracieux, si noble ! Ici, sur Terre, j’avais l’impression que tout était rude et sans finition. Dieu avait-il manqué son coup ?
« Dis, tu aurais pu nous laisser un peu plus de traces du paradis, surtout entre nous ! »
Le jugement, l’indifférence, la méchanceté se voulaient un choc continuel, à l’image d’un troupeau déferlant de chaque côté de moi. Je tentais d’avancer et de faire ma place au cœur d’une horde qui passe en sens inverse sans aucune amabilité.
Bien sûr, j’exagère, car il y a tellement de bonté ici-bas, je le vois maintenant. Mais je ne le remarquais pas auparavant, et tels étaient mes sentiments, ceux qui habitaient mon âme pendant une bonne partie de ma jeunesse.
Je te parle d’âme comme quelqu’un d’autre parlerait d’esprit, de cœur, de conscience. À mes yeux, il s’agit de cette partie invisible de nous qui est bel et bien là, notre côté spirituel, ainsi que j’aime le dire.
Dans mes entrailles, je sentais que j’avais un rendez-vous. Avec qui ? Avec quoi ? Je ne le savais pas, mais je me suis toujours sentie attendue. Je crois que ma plus grande crainte a été de passer à côté de cette rencontre, me comportant en amoureuse qui court pour arriver à l’heure à la gare, avant que le train emporte son bien-aimé.
Et j’ai eu peur. Toute petite, toute jeune, j’ai eu peur de ne jamais le trouver. Qui ? Quoi ? Aujourd’hui, je le sais : l’Amour, la Présence, l’Infini.
J’utilise une panoplie d’expressions pour nommer Dieu afin d’élargir les horizons, car, au final, quel terme peut vraiment convenir ? Libre à toi de mettre les mots que tu veux si les miens ne t’interpellent pas. Qu’elle soit masculine, féminine ou pluriel, ton appellation du Plus Grand doit être rempli de sens pour toi!
Alors je me suis mise à le chercher délibérément à partir de l’âge de 15 ans, quand une foule de questions existentielles me sont apparues. Pourquoi suis-je sur la Terre ? Quel est le sens de la vie ? Qu’arrivera-t-il après la mort ? Est-ce que Dieu existe ?
Mon « avant-vie » semblait remonter à la surface de ma conscience. Je suis devenue présente à la réalité spirituelle. Elle ne faisait aucun doute dans mon esprit. Quelque chose de plus grand était en cours dans ce monde.
J’avais la conviction qu’une autre existence se déroulait dans un univers parallèle. Je captais tellement cette autre réalité !